Comment faire de la bande dessinée dans le style franco-belge : de la page à l’impression

Comment faire de la bande dessinée dans le style franco-belge : de la page à l’impression

Candido Romano Publié le 5/31/2024

De nombreux dessinateurs et aspirants dessinateurs se tournent vers Pixartprinting pour imprimer leurs histoires ou créer un portfolio attrayant avec différents styles et sensibilités artistiques. Entre autres choses, nous vivons à une époque où la production mondiale a atteint des niveaux de variété sans précédent avec des styles, des genres et des visions complètement différents.
Mais les bandes dessinées ne sont pas les mêmes partout dans le monde, il suffit de mettre côte à côte un numéro de Batman et de Dylan Dog : les formats, la taille des albums et la pagination sont différents. Les formats, la taille des albums et la pagination sont différents, ce qui affecte également les histoires et la manière dont elles sont racontées.

Aux États-Unis, par exemple, on parle de comics, au Japon de mangas, en Italie de bandes dessinées, et en France et en Belgique de bandes dessinées. Nous nous intéresserons ici précisément à l’école franco-belge de la bande dessinée, qui représente l’un des marchés et l’une des industries les plus importants et les plus influents d’Europe.

Saverio tenuta : notre guide de la bande dessinée franco-belge

Comment réaliser une bande dessinée dans le style franco-belge, qu’il s’agisse d’un portfolio à présenter aux éditeurs ou d’une bande dessinée autoproduite ?

Une ancienne édition italienne de Blacksad, publiée en France par Dargaud. Le format est exactement le même que celui de l’édition française, dans une reliure cartonnée de qualité. Tout d’abord, il faut comprendre qu’à la base de la bande dessinée en tant que moyen d’expression, il y a des structures profondes et des codes visuels qui se reflètent dans la culture, l’histoire et l’évolution d’un pays donné : ce ne sont certainement pas des règles granitiques, mais elles ont néanmoins influencé la manière dont une histoire est racontée, la structure de la page et la chronologie du récit.

Pour mieux comprendre la bande dessinée franco-belge, nous nous sommes entretenus avec Saverio Tenuta, un dessinateur ayant une longue carrière en France (avec des incursions aux États-Unis et en Italie) : il est l’auteur de La Légende des Nuées Écarlates (en Italie) et de Le Masque de Fudo (en Italie
La maschera di Fudo), publiés en France par les éditions Les Humanoïdes Associés et en Italie par Magic Press.

L’édition française de La Légende des Nuées Écarlates.

La grammaire de la bande dessinée française et les fondamentaux de la bande dessinée

Le postulat est très simple : la bande dessinée est composée de plusieurs éléments fondamentaux, que les œuvres du monde entier ont en commun, à savoir :

  • La vignette : c’est l’image dessinée d’un seul tenant, contenant des dessins et des dialogues. Juxtaposées, elles forment une bande dessinée.
  • Cage : c’est l’ensemble des vignettes qui créent la page et sa structure, qui devient ce que l’on appelle la bande dessinée.
  • Clôture : littéralement l'”espace blanc” qui sépare les vignettes et définit également le temps de l’histoire.

Ceci étant dit, parlons plus particulièrement de la bande dessinée, qui signifie littéralement “bande dessinée”. En France, surtout dans les produits réalistes, mais aussi dans certains exemples de bande dessinée humoristique, on exige en effet un type de bande dessinée très particulier, avec le souci du détail, des histoires qui privilégient l’aventure et un style soigné et propre.

Selon Saverio Tenuta : “En France, l’union entre l’auteur et son personnage est beaucoup plus intime, surtout par rapport aux marchés italien et américain : le lecteur ne déconnecte pas l’auteur du personnage, et l’univers créé par un auteur est rarement reproposé par un autre illustrateur. Par conséquent, le temps de traitement est d’environ un livre par an et le produit doit donc faire l’objet d’un plus grand soin, ce qui témoigne également de la forte personnalité de l’auteur”.

Les auteurs qui ont influencé et construit la bande dessinée franco-belge au fil du temps sont nombreux, il est impossible de les citer tous. Parmi eux, le Belge Hergè et son Tintin, précurseur de ce que l’on appelle la “ligne claire”, un style graphique net et précis, où chaque élément de la bande dessinée est traité de la même manière, c’est-à-dire uniquement avec des lignes de contour toujours fermées, avec des noirs clairs sans hachures, bref sans “salissures”.

À gauche, une planche de Tintin, carrée et nette dans le style franco-belge classique. À droite, un panneau du Garage hermétique, une œuvre révolutionnaire sur le plan de la structure et de la narration, parce qu’elle est presque totalement dépourvue d’histoire

Il y a aussi le grand Jean Giraud avec la série de westerns Bluberry et son “double” Moebius, dans des histoires plus expérimentales comme Il Garage Ermetico et L’Incal. Mais la bande dessinée humoristique a aussi une grande tradition, comme l’indémodable Astérix de René Goscinny et Albert Uderzo.

Bref, il y a et il y a eu des structures “typiques” dans la bande dessinée franco-belge, mais il y a aussi eu des auteurs qui ont complètement bouleversé ces structures.

Les différences : le graphisme dans la bande dessinée franco-belge

Après avoir vu quelques exemples qui ont permis de définir le style, il est temps de comprendre comment se présente graphiquement une bande dessinée dans le style franco-belge dans son ensemble.

En général, dans la bande dessinée, les relations entre les images sont plus importantes que les images elles-mêmes. La conception graphique de la page, c’est-à-dire le nombre, la position et la taille des dessins, est vraiment le moment le plus important du processus.

Il est donc plus facile de comprendre l’approche franco-belge en partant des différences avec d’autres façons de concevoir la bande dessinée, par exemple en la comparant à un panneau à l’américaine. Il suffit de regarder les deux images ci-dessous : la première planche (à gauche) est tirée de Spider-Man Noir, une version noire du célèbre super-héros de Marvel, tandis que la seconde est tirée de la série française Cosa Nostra, qui relate des événements de la mafia américaine qui se sont réellement déroulés au tournant des années 1930 et 1940.

Ces deux planches montrent une scène dont l’événement central est une fusillade. Ce qui saute immédiatement aux yeux, c’est la profonde différence entre la mise en page des deux pages : la première, également en raison des événements racontés, est hyper-dynamique, tandis que la seconde est très calme, carrée. En allant plus loin, on peut noter que dans la première planche, les vignettes ne sont “que” cinq alors que dans la seconde, il y en a pas moins de neuf, soit presque deux fois plus.

Dans Spider-Man Noir, l’événement central est placé au milieu de la planche, avec une vignette plus grande (l’homme qui tire), sans la moindre fermeture, les vignettes sont en effet juxtaposées l’une à l’autre dans une solution de continuité : tout se passe en très peu de temps.

Dans le tableau de Cosa Nostra, en revanche, on assiste à une embuscade tendue à l’un des personnages de l’histoire : contrairement au premier tableau, on remarque ici une véritable “ponctuation”, représentée par la fermeture, qui ponctue les moments selon l’idée du scénariste et de l’illustrateur. Le panneau commence par un grand détail et les clients ne sont vus qu’à travers deux autres détails qui connotent le mieux l’événement qui va se produire, sans les montrer ouvertement.

“Pour la France, il est important d’avoir une narration et que tout se passe bien. Le film américain, quant à lui, a un effet plus ‘wow’, il doit vous frapper avec de grandes vignettes et ensuite vous avez les corollaires, alors que le film français a un sens de lecture très précis. Les vignettes doivent se succéder régulièrement”, nous a expliqué M. Tenuta.

En résumé, dans la bande dessinée franco-belge, le récit et la narration contournent la spectacularisation comme une fin en soi, pour privilégier un flux d’images bien rythmé qui accompagne le lecteur tout au long de l’histoire.

La table franco-belge et le produit fini

L’école franco-belge en général a donc codifié au fil du temps une cage assez carrée, composée de

  • Quatre bandes
  • 8 à 12 vignettes par planche
  • Des histoires de 46 planches

Cela n’empêche pas que chaque éditeur (Glénat, Delcourt, Dargaud, etc.) et chaque auteur a “sa” cage et sa propre façon de travailler. Tout dépend de l’histoire et de ce que l’on veut raconter.

C’est pourquoi il peut y avoir des planches à trois bandes, ou avec moins de vignettes (7, par exemple) ou avec un très grand nombre (14-15 vignettes) : “Ce qui change dans chaque cas, ce sont les proportions : la cage française est plus carrée, contrairement à l’américaine qui est plus verticale et plus longue”, rappelle Tenuta.

Mais comment est structurée la feuille de dessin ? Là encore, il n’y a pas de norme universelle, mais en général “il y a la cage qui délimite les vignettes, puis il y a la marge extérieure de la feuille. En outre, il y a une autre cage en dehors de la marge de la feuille, qui est ensuite coupée à l’étape de l’impression, et qui est 5-6 millimètres plus grande que la feuille”, explique Tenuta.

Dans cet exemple, qui ne se veut pas exhaustif, le rectangle rouge correspond au bord des vignettes et à la cage. Le vert correspond à la marge et au bord de la page, donc à l’endroit où elle sera coupée, tandis que le bleu représente la cage extérieure, qui est ensuite retirée.

Pourquoi la marge extérieure de la planche originale est-elle coupée lors de l’impression ? Comme nous l’a expliqué Tenuta, c’est parce que “si l’auteur décide de dessiner une caricature qui sort de la page, c’est-à-dire qui va jusqu’au bord de la page, il ne faut pas qu’il soit obligé de dessiner sur l’original exactement jusqu’au bord de la page, ce qui serait très gênant. L’auteur dessine donc un peu plus loin, afin d’être sûr qu’au découpage cette bande dessinée sortira de la page, c’est-à-dire qu’elle arrivera exactement au bord de la page”.

Sur quel format la bande dessinée française doit-elle être dessinée ?

Certainement pas les formats standard A4, A3 ou autres. Il n’y a pas de mesures prédéfinies pour dessiner dans le style franco-belge, donc la façon la plus simple et la plus rapide de ne pas se tromper est d’utiliser un livre de référence déjà publié (nous l’avons fait pour Blacksad), de prendre les mesures de la page et de les reporter sur la feuille de dessin (ou de photocopier la page imprimée et de recalculer la cage), en tenant toujours compte des marges ultérieures de la feuille et de la découpe.

Si, au contraire, vous préférez dessiner “en grand”, c’est-à-dire plus grand que la page imprimée, il suffit de tracer une diagonale à l’intérieur de la cage prise sur la page originale, afin de conserver les bonnes proportions.

Le produit fini est généralement imprimé dans une couverture cartonnée de haute qualité, avec des histoires généralement en couleur, contrairement aux bandes dessinées que nous voyons en Italie. Le volume standard français mesure 24 × 32 cm, avec une histoire de 46 pages, bien que différents formats aient été développés au fil du temps (jusqu’à 60 ou 80 pages).

En ce qui concerne l’impression, les albums français sont considérés comme de véritables livres. On peut donc choisir une reliure cartonnée avec un dos carré pour au moins simuler un tel produit, tandis que pour créer un portfolio de planches ou de dessins, une reliure brochée ou agrafée conviendra également.

Ceci conclut ce voyage dans la bande dessinée, un monde vaste et richement varié : le conseil est donc de lire autant que possible sur les auteurs et les histoires de cette grande tradition, ce n’est qu’ainsi que l’on peut comprendre en profondeur les structures narratives et techniques.